Trois

Tu vas avoir trois ans jeudi.

J'ai l'impression qu'il n'y a pas si longtemps que cela, je disais au Mâle qu'on était large pour faire venir celle qui allait garder les garçons un certain soir de décembre. On n'était pas si large et une heure après tu étais dans mes bras. Merci encore Francine pour ce soir-là.

J'ai l'impression que tu as appris plus vite que les autres à marcher, à parler, à savoir ce que tu veux, à râler, à hurler, à parler d'une voix éraillée et à trimballer avec toi une demi-douzaine de bébés.

Je te revois bébé, tellement calme que je me suis dit "en fait c'est ça un bébé qui va bien, c'est comme ça un bébé pour de vrai, ce ne sont pas les larmes, les maux, les pleurs et le temps qui nous échappe".

Ma grande.
Les boucles blondes, le tutu de princesse reçu hier que tu ne quittes plus, que tu déposes sur ton lit le soir venu et que tu ré enfiles avant même d'aller prendre ton biberon du petit déjeuner.

Ma grande.
Ce petit bracelet de perles roses et violettes.
Et ce tatouage dinosaure.
Cette passion pour les princesses.
Et cette cape de pirate.
Ces peluches toutes plus niaises les unes que les autres.
Et tes bagnoles de Cars, tes pistolets, tes épées et tes intonations de petite racaille.

Toi.
Un peu de nous, un peu de tes frères pour un joli résultat, mi pure petite fille, mi inspirée par ceux qui te précèdent.

Tu vas avoir trois ans et je t'ai vu grandir, me serrer fort, pleurer parce que tu veux la cuillère violette et que c'est tellement vital que ça en est dramatique.
Ma douce.
Caractère.
Avec ton bandeau dans les cheveux pour faire comme ton frère, ses blagues que tu répètes et les parties d'1,2,3 soleil où tu hurles Poulailler!!! alors que personne n'a bougé.

Je me souviens de ces couchers faciles et de cette fois où nous avions oublié d'éteindre la grande lumière. Tu t'étais endormie avec.
Je me souviens des nuits où tu avais décidé que non. On ne dormirait pas. Et moi endormie au salon pendant que tu jouais à côté de moi.

Je me souviens des pleurs au moment où je quitte la crèche et puis maintenant de ton petit visage heureux quand je te fais coucou le matin en repassant devant l'école, quand je prends la patte du chien pour faire semblant de te faire coucou aussi.

Ma grande.
En ce moment, je suis plus du côté de la petite. Parce que ce n'est pas facile.
Ma grande.
Personne n'y peut rien et j'essaie de compenser ma fatigue, mon manque de patience et mon envie d'être seule. Je ne suis pas toujours chouette.
Ce n'est pas contre toi.

Je voulais aussi te dire merci.
Parce que quelque part, de t'avoir eue, ça nous a donné envie d'être six.

Merveilleux anniversaire.
Et un serré cou.
De petite princesse.
De petite terreur.