Au revoir...

Les presser un peu pour qu'on ne soit pas à la bourre.
Envoyer des pshiiit de crème solaire et rappeler au Moyen qu'on a mis le tube dans son sac pour le périsco. Dire que "oui, ce midi c'est cantine on est jeudi".
Retrouver la casquette Angry Birds sous le canapé et le chapeau de Micro rempli de bijoux près de la baignoire.

Jeter les sandales à travers le couloir puisque ça y est, nous sommes déjà en retard.
Attraper la laisse du chien, fermer la porte.
Sortir.

Les regarder marcher, devant moi, main dans la main.
Esquiver d'un pas les noyaux de cerises qui collent aux sandales. Tirer le chien qui flâne un peu trop.  Passer sur le petit chemin, près du gymnase. Les voir marcher sur les lignes blanches, comme sur un fil. Cueillir des fleurs de liseron pour les maîtresses, "même si ça fâne trop vite maman".

Arriver devant l'école, attacher le chien et passer les grilles dans un sens.
Les voir courir, stopper net devant le menu et me demander ce qu'ils mangent à midi.
Raviolis. "C'est bon ça maman?"
Ce sont des pâtes, ça ira bien.

Les entendre négocier pour savoir qui sera emmené dans sa classe en premier.
Les déposer avec leurs sacs pour le goûter du soir.
Dire merci et belle continuation à vous.
Ah oui, c'est vrai, vous partez demain?
Expliquer que oui, on part demain à Tours chez son père, avec les 4 enfants parce que le Mâle bosse encore deux semaines.
Expliquer que oui, oui, la route toute seule, non ça ira.

Emmener les enfants et embrasser les maîtresses, les larmes aux yeux, parce que mine de rien, c'étaient de chouettes années.
Dire "oui, promis, on vous donnera des nouvelles, des photos, les enfants vont grandir alors oui, on en donnera".

Embrasser les enfants et passer les grilles en sens inverse.
Faire coucou par la fenêtre, avec le chien, en agitant sa papatte pour faire rire la classe des petits.
Continuer, la boule au ventre et faire le chemin vers chez soi dans l'autre sens.

Poser ses pieds comme par habitude. Se rendre compte qu'on avance si bien parce qu'on connait.
Et puis partir.

Se dire qu'on fera aussi bien ailleurs, même si certains nous manqueront.
Se dire qu'on sera aussi heureux ailleurs, même si les choses sont à refaire.

Partir. Quitter ce qui est établi, acté, vu, connu.
Recommencer ailleurs. Trouver de nouveaux petits chemins, de nouvelles petites routines, un nouveau quotidien qui nous paraît inconnu et étrange et qui, dans quelques mois, sera juste devenu la normalité.

Découvrir d'autres lieux, recommencer mais pas de zéro. Avancer ailleurs, parce que l'ailleurs mérite d'être vu et vécu.

Nous avons reçu les cartons la semaine dernière et nous commençons à trier, à jeter, à garder, à noter.
Nous partons, nous quittons Metz, comme tous les trois ans, à peu près.
Par choix, par envie d'ailleurs.

Nous déménageons dans un mois et les enfants sont ravis, même si les amis, même si Mamie Chéwie. Nous remonterons souvent, du coup. Et puis la vie est ainsi faite. Personne n'est figé.
Ils l'ont compris et m'explique que l'important c'est qu'on soit toujours tous les six. Je crois que oui, c'est l'essentiel.

Nous partons, nous quittons notre quotidien pour en découvrir un autre, face aux montagnes, face au lac, région que nous aimons tant et que nous avons, merveilleux hasard, pu encore apprécier il n'y a pas si longtemps. Nous avons hâte d'arpenter de nouvelles rues, de tremper nos pieds dans le lac et d'enfiler nos anoraks parce que oui, il neige déjà.

Nous nous installons à Thonon-les-Bains en août et je pense sincèrement qu'on va y être bien.