Ces choses qui prennent du temps dans la vie du parent

J'ai décidé de reprendre un peu mon blog mais HAN surprise totale, même avec la meilleure volonté du monde je peine à faire rentrer tout dans la même journée.

C'est marrant non ? 

Comment font les gens pour écrire un blog, ou même se vernir les ongles alors que je n'arrive même pas à m'épiler ma ligne de sourcils (au grand dam de ma maquilleuse chérie qui a, de ce fait, toujours une pince à m'épiler sur elle quand elle me voit).

BREF.

Probablement que je perds un temps fou à hurler parce que le panier de linge se remplit bien trop vite, à chercher des recettes de poulet à l'Instant Pot sur la toile (les meilleures sont chez OwiOwi je vous fais gagner du temps), à aller deux fois par semaine à une séance de sport intensive (puisque je ne peine à courir ailleurs que dans mes montagnes) et à bouquiner des polars parce que j'ai tout de même une addiction prononcée pour les meurtres et les inspecteurs alcooliques (oui je suis en plein dans les Nesbo en ce moment).

Il est donc temps d'écrire un tout petit article (qui va me prendre trois semaines) sur le temps perdu du parent, comme pour vous expliquer pourquoi je n'écris pas assez, comme pour me justifier de ne plus prendre le temps de choisir les mots qui racontent ma vie de parent.

Vie dans laquelle il y a quand même moult choses qui prennent du temps. Si si. Beaucoup de temps.


Les devoirs

Au début c'est plutôt rigolo Gafi (marche avec Taoki et tous ces petits personnages attachiants) à lire tous les soirs.

"MOI C'EST GAFI TRALALA JE SUIS GAFI"

On se passe un gentil petit moment sur le canapé, ça nous prend 5 minutes et tout le monde est ravi.


Note de l'auteur  (parent d'enfants dont les appétences pour la méthode de lecture choisie par l'enseignant divergent) : Avouons que ça se complique légèrement quand on dispose d'un enfant qui déteste l'apprentissage de la lecture, qui ne voit pas du tour pourquoi on répète des syllabes qui ne veulent rien dire. Mais c'est un autre sujet j'y reviendrai...

Moi de mon temps on ne faisait pas comme ça les divisions !!

Après je ne sais pas comment, il y a un gouffre spatio temporel et en un clin d'oeil tu te retrouves à paniquer devant une division à virgules et à souffrir d'amnésie devant les circuits électriques, les tensions nominales (mes couilles) et la biographie de Jean Baptiste Poquelin.
Les devoirs, en tant que professeur des écoles, je ne suis pas franchement pour (voire même totalement contre) parce que c'est vraiment là que se créent les écarts entre les mômes. Surtout à ces âges où ils ont (malheureusement) encore besoin du parent pour les mettre au boulot (sinon ils seraient toute la journée en train de sauter dans le trampoline) et pour les faire réciter les verbes irréguliers en anglais.

Du coup, bon, tu pensais te passer un petit week-end peinard à ne rien foutre à faire du repassage, du ménage, des courses, à remplir les feuilles des impôts et à te coucher tôt ET PAF tu te retrouves à devenir DINGUE en proposant à ton enfant de trier les matières inertes et les matières vivantes tout en faisant répéter un dialogue en Allemand

- Hallo Maria, wo wohn'st du ?
- Ich wohne in Aachen

et en corrigeant des exos d'Espagnol.
Avec toutes ces conneries je vais finir trilingue.
En clair, ça nous prend un temps de malade, quatre enfants c'est plusieurs heures de devoirs le week-end, avec la satisfaction d'aller cocher TRAVAIL FAIT sur l'ENT tout en commentant les leçons avec un air docte.

- Franchement je ne sais pas à quoi ça va te servir de connaître les règles additivité de la tension, je ne pige RIEN.
- Peut être à ne pas m'électrocuter maman ?
- Mouais. Bon. On va plutôt réviser la biographie de Molière tu veux ?


Les devoirs c'est chiant, ne le répétez pas aux enfants, d'autant qu'avec le temps (va) je retrouve mes vieilles haines pour la physique et la chimie. Et je suis insupportable quand je veux expliquer des trucs que je kiffe aux enfants (OUI j'ai fait écouter 999 Luftballoons à mon enfant en lui disant "ça, ça va te servir pour l'Allemand - BIEN SUR)


Mais qui sait, peut-être que ce sont aussi des moments qui comptent quand on répète "go, went, gone" ou bien "put, put, put". Peut être qu'ils se souviendront de tout ça comme je m'en souviens encore.
Des dissertations terminées à 6h20 sur la table du petit déjeuner. Des notes merdiques en physique.
Des copies doubles à grands carreaux.



Les poux
SANS TRANSITION 

J'en ai écrit des articles sur les poux, sur les moyens de les éradiquer, sur les moyens de les éventrer, de les dépecer et de les griller (je m'emballe mais je rêve de sentir l'odeur du pou grillé à vrai dire).
J'ai donc beaucoup blablaté sur les moyens de se débarrasser de ces individus moches et inutiles mais jamais sur le temps passé à tenter de les annihiler.

Parce que mine de rien ça prend du temps dans la vie d'un parent.
Du moment où on remarque que l'enfant se gratte au moment où on peut se dire "ça y est, NE TOUCHE PLUS PERSONNE BORDEL ET ATTACHE TES CHEVEUX" il se passe parfois un mois, parfois deux, parfois six. De manière toute personnelle j'ai parfois le sentiment de vivre au milieu de poux, cohabitation forcée et peu ragoûtante, où chacun d'entre nous ignore l'autre autant que faire se peut.

Dans l'idéal, me semble t-il, il faudrait passer le peigne à poux tous les jours.

" Tiens ma chérie, je me suis levée à 5h40 pour mes émissions, je me suis fait trois tournages, 1h30 de Thalys (voire plus si retard) et là, maintenant que je viens de rentrer, ça me dirait bien de te laver les cheveux, de te les démêler et de te passer le peigne Assy 2000 pour bien te faire hurler, parce que sincèrement, je crois que je ne suis pas assez au bout du roul'"

Et mon enfant de répondre "Oh mais oui maman, après toute ma journée à l'école, je rêve de me faire arracher des touffes de cheveux entières, debout devant la glace, à t'entendre râler sur ces putains enculés vilains poux alors que je pourrais tranquillement terminer mon Club des Cinq allongée dans le canapé avec un plaid à manches"

AH AH UN ENFANT MYTHO

Du coup je ne le fais pas systématiquement.
Mais quand un dimanche soir, vers 22h, je vois un pou qui trottine, bah je n'ai plus le choix.
Et étonnamment, ça arrive quand même hyper souvent le dimanche soir vers 22h.



La gestion du trampoline
Quand j'ai posté sur Facebook une demande de conseils pour l'achat d'un trampoline je me suis dit que c'était la dernière fois que je postais une demande de conseil sur un produit aussi controversé que le trampoline. On avait presque atteint le niveau antivax et allaitement avec un débat passionné sur l'usage raisonné de la chose, avec témoignages flippants digne d'Urgences en sus.

Du coup comme je suis une mère irresponsable, j'ai tout de même un trampoline dans mon jardin (merci aux voisins pour leur don qu'ils regrettent amèrement). Un grand même. Un qui couine et qui grince quand les enfants sautent dessus, ça couvrirait presque leurs cris, hurlements et rires hystériques.

et voilà, tu peux être certain que leurs chaussettes sont, trempées, au sol, en boule

Le trampoline c'est merveilleux. Alors oui, il faut une discipline bien stricte et une bonne mise au point. Et probablement des enfants un chouilla à l'écoute des recommandations parentales.
Ici ils ont bien pigé les règles de sécurité, leur problème c'est juste le niveau sonore.
Et les chaussettes que je retrouve par centaine autour de l'aire de jumping.
Et les torchons trempés qui gisent pathétiquement en compagnie des susmentionnées chaussettes.

Les enfants ont fini par se faire un genre de roulement, ils s'auto-gèrent presque désormais mais il fallu prendre le temps de sortir et de gueuler pour établir des règles.
Oui, je gueule, c'est un principe d'éducation.

Petite parenthèse : 
J'aimerais vraiment pouvoir dire que je résous plein de problèmes et plein de conflits sans élever la voix et en me contentant d'exposer les choses avec un ton serein et posé. Parfois j'essaie et je fais chou blanc. C'est à dire que tout le monde se contrefout de ce que je dis. Vraiment hein, ils ne prennent même pas le temps de lever la tête.
Alors qu'une bonne gueulante sur le thème de "J'EN AI RAS LE BOL DE GUEULER MAIS SI JE NE GUEULE PAS PERSONNE NE M'ECOUTE" ça marche plutôt bien. Dont acte. (je ne suis pas parfaite).



Du coup après avoir gueulé à mes enfants qu'on ne gueulait pas sur le trampoline (notez ma logique profonde et très bienveillante), j'ai également gueulé que si on ne se mettait pas d'accord sur un roulement du trampoline j'allais le démonter et le mettre à la déchetterie et que PLUS PERSONNE N'AURAIT DE TRAMPOLINE SAUF LES RATS DE LA DECHETTERIE !!

Note de l'auteur : menace totalement absurde puisque vous savez bien que les rats n'ont aucune appétence pour le trampoline, et quand bien même ils en auraient, il leur faudrait tout de même remonter un trampoline de 4m de diamètre au fin fond d'une benne.
Après je m'étonne d'être obligée de gueuler pour me faire écouter mais mes propos sont souvent sans fondement.

Vous l'aurez compris, la gestion du trampoline demande du temps. Investir dans un timer me semble salvateur (pour beaucoup de choses de la vie d'un parent finalement).


Comme moi-même je manque de temps pour finir ce article je vais aller plus vite sur ces petites choses qui demandent du temps.

Le rangement des chambres


Je ne sais pas, j'ai du rater un truc avec le rangement. Ils s'en foutent de vivre au milieu des légos et je ne peux pas m'empêcher d'avoir un rictus de contentement quand un de mes enfants s'empale la voûte plantaire (gentiment hein) dans un petit personnage abandonné. Hier ma fille m'a expliqué que le PIRE c'était Jack Jack, la souris de Cendrillon avec son petit bonnet pointu. Je n'ai pu qu'acquiescer. Mais Jack Jack gît toujours au sol, prêt à éventrer un nouveau morceau de pulpe plantaire.

Mes enfants jouent, font des films en stop-motion (moisis) avec des légos, sortent tous leurs playmobils (et on en a beaucoup), font des réunions de peluches (et on en a beaucoup) et des matchs de Barbie. Ils font des courses de poney et des séances de lecture géantes en laissant leurs livres par terre.

REP à ça Marie Kondo

Mais ils vivent Marie.
OUI JE SAIS.
Inspire, expire. Pas de folie maniaque. Pas de menace au sac poubelle (du même acabit que les rats au trampoline, voir ci-dessus)


(Lorsque je suis fatiguée, lorsque je suis motivée, je range). En gueulant (voir plus haut) et je jette tout dans ces fameuses caisses Ikea de couleur. Inutile.
Les enfants ont l'habitude, ils font semblant de m'aider en murmurant "pardon maman, merci maman de m'aider à ranger"
Jusqu'au lendemain.

Et je ne vous parle pas de l'état des armoires (ce qui m'amène rapidement au chapitre LINGE)


Le linge
On va tout de suite poser les choses : je repasse. Inutile de me dire en commentaire "nan mais ne repasse pas tu vas gagner du temps" parce que je vais vous dire la vérité :
1) je suis incapable de replier un truc correctement sans l'avoir repassé
2) Je ne suis jamais devant la porte du sèche-linge pour "replier quand c'est tout chaud" JAMAIS. Comment font celles qui le font ? Dorment-elles devant la porte et s'éveillent-elles au petit roucoulement de leur sèche linge ? Mystère. Moi il tourne et un jour je me souviens que du linge est sec dedans. Si je n'ai pas oublié de le lancer auquel cas il sent fort le moisi et je n'ai plus qu'à tout recommencer.
3) Je profite de ce moment de repassage pour écouter des podcasts. Oui parce que j'écoute des podcasts quand je cours (et je cours moins rapport à l'absence de montagnes à Bruxelles vous l'aurez compris) MAIS je ne peux décemment pas écouter de podcasts trop flippants quand je cours.
Parce que la dernière fois j'ai cru que Dr La Mort me pourchassait dans les bois. Et j'aime d'amour Affaires Sensibles mais certaines histoires me font tout de même perdre 10 ans de vie si je les écoute seule en pleine nature (et sous la pluie).

à méditer

Du coup le linge, ouais c'est long.
D'autant que mes enfants et mon mec (non je n'ai pas écrit ça)  sont clairement de grands spécialistes du "Hey ça traîne, ne prenons pas le temps de regarder ou de renifler ni même encore de ranger si c'est propre. Mettons au sale et gagnons du temps".

Voilà comment tu te retrouves toutes les semaines avec un bac à linge sale qui dégueule.
Et ça, ça me fait gueuler (étonnant non ? )
Et je commence à manquer d'idées podcast si vous pouviez partager (notez que je n'aime pas du tout Hondelatte malgré les histoires glauques, rapport au fait qu'il tente de faire des accents et que ça ruine totalement la fiction)
(et oui j'ai déjà écouté Estelle Disparue)

Les lunchbox

Ah en voilà du temps qu'on cherchait partout et qu'on se demandait où il était passé dis donc.
DANS LES PUTAINS DE LUNCHBOX.

En vrai j'aime bien les lunchbox. C'est mon côté américan.
Ici on appelle ça "la tartine" et si j'ai opté pour ce mode de restauration pour mes enfants c'est que Moyen Nain a quelques petits troubles de l'oralité (résidus d'un reflux bien tapé qu'on peine à soigner) et que, de ce fait, ça me fait quand même mal de raquer de la cantoche pour qu'il mange du pain et qu'il meure de faim.
Pour ne pas embêter tout le monde avec un PAI, nous avons donc décidé de les mettre à la tartine.
Comme il ne mange pas de salade, je lui prépare des lunchbox chaudes hein, sinon ça serait trop simple.
Alors j'ai été sur de super blogs de maman qui font de super lunch box. Sérieusement c'est merveilleux d'imagination, c'est équilibré, super chouette et vraiment ya de l'investissement.

Coucou je n'ai VRAIMENT plus de vie ! 

De manière toute personnelle la seule chose dans laquelle j'ai investi ce sont de bonnes thermos à bouffe avec une contenance suffisante.
Et ils mangent :
1) les restes de la veille (hourra s'il en reste)
2) Des trucs EASY (je congèle des parts de riz/pâtes/purée dans lesquelles je mets du jambon/saucisse/poulet)
3) Des plats Picard réchauffés au micro-ondes mais pas très souvent parce qu'en plus je culpabilise à mort de leur coller du préparé-c'est-pas-bon-c'est-trop-salé-mère-indigne.

Je pourrai vous refaire un petit topo lunch box si vous voulez, mais voilà déjà celles que j'ai choisi, elles sont canon (comme tout ce site que j'ai envie de dévaliser) : ce sont celles de Joli Monde chez Sans Bpa.
Et ils ont leurs gourdes évidemment, passion gourde transmise à toute ma famille, je suis fierté et fond en inox.

Le sac de piscine
Lui il prend du temps parfois.
Il faut trouver où est le maillot
Non pas le short de bain, le moule bite.
On ne dit évidemment pas moule bite devant l'enfant donc il faut lui faire chercher la maillot-slip.
Qu'on ne trouve pas.
Où peut-il être bordayl ?
Ah avec les autres moule bite achetés aux distributeurs de la piscine parce qu'on n'avait qu'un short de bain dans le sac et que le maître nageur a été formel, on ne rentre pas avec un short, un moule bite est un moule bite et un short de bain est potentiellement un vrai short déguisé.
Une fois que tu as trouvé le maillot bien entendu il faut retrouver les lunettes.
Et le bonnet.
Non pas le petit en silicone qui t'arrache le crâne, le scalp et l'oeil si tu l'as mal positionné.

Il faut aussi une serviette en microfibre qui n'essuie rien mais qui ne prend pas de place.
(à cet effet je me permets un petit placement de produits non sponsorisé - je n'ai plus de temps non plus pour les sponsos : la serviette Minimiz essuie vachement mieux que les Décathlon et prend peu de place)

Dylan n'a pas oublié son petit sac de piscine (Et Dylan va avoir le dos trempé)

Le problème fondamental de ce sac de piscine n'est pas de le faire (même si ça vous a paru longuet).
C'est de se souvenir que l'enfant avait piscine.
Qu'il est rentré avec son sac
Qu'il a posé dans l'entrée (à côté du sac contenant les lunchbox comme de juste)
Sac qu'on retrouvera quelques jours plus tard (minutes si vous êtes Wondermaman)
Avec une petite odeur de moisi pourri.
Ce qui me fait (EVIDEMMENT) gueuler parce que bordel, " t'as DOUZE ans, tu peux pas le faire sécher ton maillot ? "


Voilà, j'arrête parce que je pourrais lister encore mille autres choses qui prennent du temps aux parents,  comme la couverture des livres avec le papier autocollant qui rend dingue (j'ai fait peur à mes enfants quand je m'y suis attelée, ils m'ont vu basculer dans un genre de psychose agressive).
Comme les repas à réinventer sans cesse alors que parfois une bonne boîte de raviolis irait parfaitement bien (mais BIO les raviolis, déconnez pas avec ma culpabilité).
Comme les petits coups de PQ sur la lunette et de brosse sur la cuvette.

Et puis, on va terminer quand même avec une vraie constatation, parce qu'après vous allez dire que je ne fais QUE me plaindre (alors que non, je ne fais pas que me plaindre, je gueule aussi).
Il y a aussi ces choses qui nous prennent du temps mais qu'on prend encore le temps de faire, même maintenant. En espérant que cela dure encore un moment.

Les histoires du soir alors qu'ils savent tous lire. Chacun sur les lits des autres, à deux dans les couettes à réclamer un chapitre encore maman. Les manteaux qu'on zippe, les gilets qu'on boutonne. Les cartables qu'on referme. Les jeux de société sur la table de la cuisine.
Les chansons qu'on chante encore avant d'éteindre, j'espère encore perdre ce temps-là, encore un peu, s'il vous plaît. C'est marrant les enfants, ça nous demande presque tout notre temps et puis finalement j'imagine que quand on les aura ces heures, ces jours-là, on se demandera pourquoi on en avait tant envie, tant besoin même. Je me plais à penser que je risque même de m'ennuyer...

Assez parlé de temps perdu, de temps qu'on a choisi de leur donner, indéniablement, parce que c'est ce qui restera de nous, parents.

Assez parlé de temps qui passe, je file au dodo, histoire d'essayer d'en récupérer un peu.